Merci de vos nombreuses et très instructives réponses. A dire vrai elles m'inquiètent un peu: je n'ai jamais eu l'intention de m'en prendre à l'Internet, je ne me posais même pas la question.
Vos réactions m'ont convaincu que problème ( non identifié ) il y a.
    Mon idée en ouvrant ce post était triple:
1-Attirer l'attention des gens critiques que je suppose que vous êtes sur le fait qu'absolument tout est marchandisable (l'"humain" étant la marchandise du futur- et ce avec ou sans puce sous-cutanée)
2-Montrer comment la marchandisation présente de "la" communication crée une société de non-communication , composée d'individus isolés consommateurs d'EGO ( l'EGO est DEJA une marchandise )
Je partais pour cela d'un exemple: la raréfaction, due aux conditions sociales, des occasions naturelles de rencontre , en particulier dans les classes populaires, et le rôle grandissant que jouent les sites de rencontre organisés commercialement ( et payants ) dans la recherche de contacts. Je pensais qu'il y avait là l'indice d'un profond malaise social, dont on voit les conséquences par ailleurs.
3-Initier une réflexion sur la manière dont se passe cette sacrée communication entre les gens, de nos jours.

Je comprends d'autant moins cette levée de boucliers. On me dit, en gros et en caricaturant un peu :

"   L'Internet, pas touche, c'est sympa "

Chers amis...
Où ai-je attaqué l'utilisation rationnelle de l'Internet ?
Où ai-je contesté l'utilité des sites altermondialistes ?
Où ai-je nié le fait qu'il était possible d'y entrer en contact avec des gens intéressants. N'est ce pas ce que je fais ici et maintenant ?
Ou aurais-je, sans le vouloir, touché à autre chose ?
Mais alors, à quoi ?

Voilà que je confonds
le titre te le tirage
et que je me morfonds
en mes années de rage

Voici que s'entrelacent
et palpitent au même rythme
les chemins qui s'enlacent
et la vieille langue des rimes

C'est en cherchant le but
qu'on oublie l'origine
et qu'on se met en butte
de la fée imagine

Voici que nos luttes
accouchent du silence
et que leurs résiliences
nous poussent à la chute

Voilà des mots volages
et quelquefois profonds
il faut toucher le fond
pour reprendre courage

Pour clôturer ma participation  à ce forum, ainsi sans doute qu'à toute forme de "communication" non strictement utilitaire via l'outil industriel "internet" , je voudrais vous faire partager ce texte de Michel Ots - que je ne connais pas - découvert lors d'une recherche sur Gougueule ( "décroissance" ). Vous n'aurez aucun mal à en retrouver le site d'origine.
Je n'aurais pu mieux dire et je remercie Michel Ots de m'éviter cette peine...

A PROPOS DE RECENTS FORUMS SOCIAUX

Le net bute à ses limites avec l'organisation de forums locaux. S'il est d'une indéniable utilité pour ce qui est des rendez-vous intercontinentaux, il ne vaut rien pour se rencontrer entre voisins. Des lieux d'échange et des moments de rencontre nous font pourtant cruellement défaut. Nous aspirons à retrouver l'équivalent d'une agora antique. Mais la critique à faire de la webadministration qui se met en place, insidieusement, s'applique tout autant aux altermondialistes dès lors qu'ils ne peuvent plus se passer d'un instrument fétiche.

Internet est facteur d'exclusion. Quels que soient les avantages induits par de nouvelles technologies, ils s'annulent quand elles évincent les pratiques antérieures, en l'occurrence les contacts directs.

Internet n'exclut pas seulement les anticonformistes, néoluddistes et minimalistes convaincus mais tous ceux qui apporteraient justement une contribution décisive à un forum social ; tous les sans, les sans terre, sans toit, sans famille, sans portable ni internet. Par contre les organisateurs de ces forums disposent d'une alléchante vitrine pour leurs associations respectives. S'en contentent-ils, leur attitude renvoie à la problématique du militantisme.

S'agissant de se reconnaître dans des idées pour se regrouper sous leur bannière, autant adhérer à une chapelle millénariste, l'effet est le même. Peu importe que la critique du néolibéralisme ou les extraterrestres entrent en jeu, la dissidence permet de s'accommoder du système. Tout le monde y recourt.

La recherche de synergies n'est pas du même ordre. Elle oblige au dépassement. Elle demande de comprendre l'autre pour se faire comprendre de lui. Cette ouverture relève évidemment plutôt d'une éthique personnelle que d'un programme formel. Un vivant intérêt pour les autres en est la condition. Son absence marque notre époque.
Les nouvelles technologies de la communication font que personne ne court plus le risque d'une remise en cause. Seulement, cela enferme dans un imaginaire collectif parcellaire.

Michel Ots

Merci de cette réponse...
J'ai certes beaucoup appris aussi en  "surfant" ( c'est typique qu'on utilise un terme faisant référence à une expérience sensorielle totale pour désigner un travail physiquement pénible et passablement éreintant ) sur des forums...qui finalement se ressemblent tous, en tous cas dans leur mode de fonctionnement. J'en suis arrivé à la conclusion que la situation est beaucoup plus grave que je ne pensais.
Aussi, sans vouloir polémiquer, je voudrais relever certains points de ton intervention, qui me semblent typiques des croyances communes de la "planète" Internet...
"Choix dans les relations sociales..." C'est une croyance commune de nos jours, qu'on puisse choisir ses relations, de la même manière qu'on choisit entre des programmes de télé, ou des marques de réseaux... a ma connaissance le choix des "relations" ne se manifestait jadis que dans la bourgeoisie...Les termes "relations sociales" et "choix" sont antinomiques...on fait partie d'un groupe social, à l'intérieur duquel des affinités peuvent s'épanouir, ou non.
Le "net"- ou plutôt le "multimédia" industriel, a vocation à se substituer, passé un certain seuil, à toute forme autre de communication, de même que le transport industriel ( avion, TGV, bagnole ) se substitue au voyage autonome, la "formation professionnelle" à la capacité d'apprendre, et le diagnostic médical à l'autonomie vitale...Ce seuil -qui implique une dépendance "affective" -a été dépassé avec l'usage généralisé des "émoticônes" ( J'invite ceux qui me liraient à réfléchir sur ce que veut dire l'emploi des émoticônes; c'est tout à fait effrayant ! )
"S'affranchir des distances". Mais pour quoi faire ?
Quant à croire que la misère sociale puisse être un tant soit peu soulagée par une production d'"e-mails" , je m'interroge...et j'ai connu au moins un bistrot , où l'on venait pour se rencontrer, où l'on s'asseyait à la table d'inconnus ( qui cessaient de l'être après une ou deux bières ) reconverti en cybercafé, où chacun est "en contact avec le monde entier" sans même savoir quel genre d'animal humain est assis devant l'écran de gauche et de droite...mais je dois avouer que j'ignore encore dans quelle mesure la progression généralisée du "quant-à-soi" ( peut-être plus marquée en Belgique ) est à mettre en relation avec la vogue du Multimédia
La décroissance conviviale impliquera nécessairement des remises en question d'autant plus douloureuses qu'elles seront chargées d'affects. L'"altermondialisme" est le premier mouvement social qui dépende à ce point d'un outil industriel, et je crains que cette dépendance n'hypothèque sérieusement son avenir...