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#1 29-02-2008 11:20:46

Monolecte
Site Admin
Lieu: Groland
Date d'inscription: 22-05-2004
Messages: 486
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Faut-il éliminer les pauvres ?

C'est le titre d'un bouquin de Françoise Ecken qui vient de sortir à l'Harmattan.

Au-delà du marketing standard, je partage avec vous le mail de Françoise a eu la gentillesse de m'envoyer et qui, à mon sens, est bien plus parlant sur le bouquin et son auteure :

Je travaille dans le social depuis plus de vingt ans.
        C'est une vocation, chez moi. Déjà, toute petite..., dans la cour de récré,
les copains et les copines venaient me raconter leurs misères. Je n'aimais
pas que les gens soient malheureux, en particulier quand ils l'étaient pour
cause d'injustice. En fait, je n'ai jamais supporté les injustices. La
conviction qu'on pouvait venir en aide aux gens, contre les injustices,
m'est venue très tôt.

        J'étais idéaliste, au début, puisque je croyais que les services sociaux
venaient en aide aux plus démunis.
Et j'ai travaillé dans le social. Dans la
formation, puis dans le dispositif RMI. J'ai quitté la formation et le
dispositif RMI parce que je trouvais qu'ils ne répondaient pas aux attentes
des allocataires. Ou plutôt, que ce que les décideurs avaient fait de la
formation et du RMI ne correspondait pas à l'idée des textes de départ.

        Je me suis dit que s'il était trop tard pour les adultes, ce n'était
sûrement pas le cas pour les jeunes. J'ai alors été famille d'accueil, pour
la Protection Judiciaire de la Jeunesse puis pour l'Aide Sociale à
l'Enfance. Si le dispositif RMI ne correspondait pas aux besoins, j'ai
trouvé dans l'ASE des personnes monstrueuses de mépris, qui abusaient de
leurs faibles pouvoirs, qui érigeaient l'incompétence en vertu au détriment
des jeunes qui leur étaient confiés et des familles qui tentaient de
survivre face à eux. J'ai trouvé une institution à broyer les personnes,
celles qui n'entrent pas dans les cases étroites des décrets et des
circulaires.
        Révoltée par les dégâts causés par certains travailleurs sociaux et
certaines institutions, j'ai écrit, alors, une compilation des histoires les
plus ahurissantes que j'avais eu à entendre, et je l'ai envoyée à plusieurs
éditeurs qui l'ont refusée. Ce qui était normal, une telle compilation ne
présentait aucun intérêt.
        Je me suis ensuite dit que le droit, qui pose un cadre à notre façon de
vivre ensemble, était sûrement un lieu de justice : j'ai pris un poste de
coordinatrice dans une association de médiation et d'un point d'accès au
droit justice. Mes attentes de justice n'ont pas été comblées.
        Je viens de publier un livre sur la façon dont notre société traite les
pauvres et la pauvreté. Il s'agit d'une analyse
sociologique des dispositifs d'insertion émaillée d'histoires les plus
ahurissantes que j'avais eu à entendre.

        Je n'ai pas la prétention de régler la question de la pauvreté ni les
dysfonctionnements sociaux. Mon objectif, dès le départ, a été de dénoncer
une situation inacceptable : le mépris auquel les pauvres se heurtent dans
leur quotidien ne fait qu'entraver leurs tentatives pour s'en sortir, quand
ce n'est pas de les réduire à néant
. Je ne fais pas d'angélisme : il y a
parmi les pauvres une proportion de cons vraisemblablement identique à celle
de la population dite "normale". Ce n'est pas une raison pour les traiter
comme nous les traitons. La reproduction décrite par Bourdieu fonctionne à
fond dans les dispositifs d'insertion, et c'est sans cesse l'histoire d'un
mec qui se noie et chaque fois qu'il sort la tête de l'eau, quelqu'un lui
appui dessus. Tout ça parce que la honte que nous avons à mépriser ces gens
qui ne nous ont rien fait nous conduit à leur trouver tous les défauts
(fainéants, voleurs, tricheurs...), nous leur en voulons d'exister, nous
rejetons sur eux les sentiments que nous éprouvons à leur égard, et nous les
prenons comme bouc émissaires. Et à notre tour, nous les écrasons de honte.
La boucle est bouclée. C'est la raison pour laquelle les actuels dispositifs
d'insertion ne peuvent fonctionner.

Les mises en gras sont de mon fait!
Faut-il éliminer les pauvres?


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