En novembre 2003, voici ce que j'écrivais sur un autre site :


Quand je serais grand, je veux être "délinquant de la solidarité"
Un métier d'avenir, certes, mais à risques.


L'autre jour, j'ai appris un nouveau terme que je ne connaissais pas. Il faut dire que je venais de passer une huitaine de jours de vacances sans actualité et, dans l'obscurité d'une fin d'après-midi pluvieuse, au sortir de l'autoroute pour m'engager sur la Francilienne surchargée (sur laquelle j'allais passer une heure et demie avec ma sciatique naissante) j'ai entendu dans mon poste prononcer l'expression "délinquants de la solidarité".

Volà une belle trouvaille. Mermet m'a donc appris que notre Nicolas national, notre petit Sarkozy avait prononcé cette superbe expression. Du coup, j'en ai oublié cette putain de sciatique et j'ai monté le son. Il s'agissait de Sangatte. Le refuge mis à la disposition des immigrants vers l'Angleterre avait été supprimé, certes, mais les arrivées, elles, continuaient. Que faire alors de ces gens sans abri, à la rue, sans pognon souvent (bouffé par les "passeurs") et sans nourriture ?

Quelques personnes se sont donc émues du sort de ces gens , les ont accueilli chez elles, gratuitement, évidemment, les ont nourrit. Elles se disaient sans doute que l'asile n'est pas un acte de charité, mais que c'était seulement redonner à des hommes et des femmes des droits qu'on leur refusait ailleurs. Un acte de solidarité en somme. Oui, mais voilà, Nicolas Sarkozy, dans sa lutte contre l'immigration sauvage, avec peut-être à l'horizon la lutte contre le trafic humain que constitue ce fait de société s'est, une nouvelle fois, trompé de cible. Sa chasse aux passeurs s'est transformée en chasse aux solidaires et un nouveau délit a vu le jour, la délinquance de la solidarité.

Nos pandores ont donc chopés deux grands criminels: Jean-Claude et Moustache, deux délinquants de la solidarité qui vont passer au tribunal et sont susceptibles d'être condamnés à une amende, voire à de la prison. De la prison ? Ben oui, parce qu'évidemment, Moustache, par exemple, est chomeur, il passe son temps à recueillir des Afghans qui ne savent pas où aller en attendant de trouver une ouverture vers l'Angleterre. Il n'aura évidemment pas les moyens de payer une amende puisque ce délinquant de la solidarité, non content d'abriter des "irréguliers" les nourrit également.

Bon, je ne vais pas vous faire pleurer sur son sort, ça n'est pas la peine. Juste une petite anecdote sur Jean-Claude qui m'a fait bien rire lorsqu'il a raconté qu'il avait accueilli chez lui un homme qui boîtait très fortement. Le lendemain, lorsqu'il est allé le réveiller dans sa chambre, il a trouvé un gars d'un mètre dix. L'autre s'est réveillé, a remis les deux prothèses qui remplaçaient ses jambes coupées par une mine en Afghanistan et est reparti tenter sa chance.

Voilà, l'émission s'est terminée sur des interviews fort intéressantes:
une "retraitée" de l'éducation nationale qui venait distribuer à manger; comme quoi, c'est vrai qu'on leur file la retraite trop tôt aux gens, ils en profitent pour devenir délinquants de la solidarité, les ingrats !
une bénévole belge également qui avait passé la frontière avec sa camionnette bourrée de vêtements et de couvertures et qui affirmait que les structures d'accueil étaient mieux conçues dans son pays.
Serge Toubiana, ensuite, venu donner quelques chiffres dont celui-là pour ceux à qui les "flots d'immigrants" font peur: dans le monde entier, il y a 45 millions de réfugiés, pour l'Europe, 2,3 millions, soit 5 % des réfugiés mondiaux.

Fin de citation (se citer soi-même, quelle volupté pour l'ego !)


Pourquoi je vous recopie cela ? parce que ces deux dangereux malfaiteurs viennent d'être condamnés pour avoir favorisé, en servant de prète-nom, la transmission d'argent à ces clandestins, par l'intermédiaire de mandats touchés à leur place.
La cour, dans sa grande bonté, et peut-être aussi dans la crainte du ridicule, les a toutefois dispensé d'effectuer leur peine arguant le fait qu'ils agissaient pour un motif humanitaire.

Peut-être que le Nicolas en serre ses petits poings de rage, ou peut-être, ce qui est finalement encore plus grave et plus probable, se fout-il purement et simplement du sort de ces hommes.