Même si, à première vue, ton analyse est pertinente, Michel, je ne partage pas tout à fait ton pessimisme.

Evidemment le taux d'abstention est lourd, mais nous ne savons pas les motivations des gens ! C'est facile de dire qu'ils n'en ont rien à foutre, comme certains médias tentent d'en accréditer l'idée. Je connais plusieurs cas de personnes convaincues de la nécessité de changement, proches de nos idées, mais qui ne trouvaient personne pour les représenter.

Pour ma part, j'ai longuement hésité ; deux ou trois jours avant, je voulais m'abstenir, moi aussi. C'est la découverte de ce que le gouvernement nous préparait pour la sécu qui, au dernier moment, m'a fait changer d'idée.

J'ai choisi les verts par dépit, non par conviction. Mamère me casse les pieds avec sa pub pour certain mariage au moment où le reste de la vie déconne, et les Verts ne se prononcent pas pour l'établissement d'une véritable Europe. Cette Europe, si on veut être sérieux, faut d'abord tout démolir et reconstruire là où les Pères de l'Europe ont commencé leur excellent boulot. Comme je l'ai dit, ici ou là, pour moi ce que nos gouvernants et médias nomment l'Europe, ce n'est qu'un comptoir marchand ! Donc nul et non avéré en ce qui me concerne ! L'Europe reste à construire totalement et ce n'est pas avec la Constitution Giscard and co que ça changera, que le comptoir commercial deviendra une nation digne de ce nom !

Je reste optimiste quand je vois le nombre de jeunes et leur qualité, qui s'engagent aujourd'hui. Je pense bien sûr à Anaïs, mais aussi à Amélie, Dimitri, Jean et Jérôme, un jeune de 23 ans qui m'écrit depuis deux jours. Et puis il y a tous ceux qui n'osent pas écrire, trop jeunes peut-être...

Ca c'est la graine qui monte, c'est l'arbre du futur et de l'espérance ! Ils poussent, ils poussent, les "petits" ! Bientôt, ils nous permettront de nous abriter à l'ombre de leur feuillage vert et puissamment vivant ! J'en fais le pari !

En ce moment même, des gens résistent à ce gouvernement que ne nous représente plus et qui s'en fout : les syndiqués d'EDF.
Ils sont seuls et ils se révoltent contre le rouleau compresseur.

Nous avons vu que les manifs, les grèves et les urnes ne servent plus à rien. Les EDF tiennent encore face aux hypocrites, mais seuls, il ne tiendront plus longtemps.

Nous avons donc le choix :
· Les soutenir, les rejoindre dans leur lutte qui n'est pas un combat catégoriel de plus mais bien le baroud d'honneur de ceux qui peuvent encore protester contre nos ennemis à tous, et créer tout ensemble un vaste mouvement du refus!
· Les laisser dans leur merde, croire les médias qui veulent les faire passer pour des conservateurs attachés à leurs privilèges acquis, les laisser crever seuls, et crever avec eux...

Il y a un gazier dans la salle???

Au fait, j'ai adoré l'action des salariés d'EDF :biggrin:

Tout va bien quand tu as un bug de ce genre, les modérateurs peuvent réparer ensuite, ni vu, ni connu  :bangin:

Je sais que je me répète encore... 

Mais ton intervention, Anaïs me frappe tant par la qualité de son contenu, que par le fond. Je crois qu'il est urgent de comprendre que nulle révolution n'est induite par la masse ! A ma connaissance, jamais, sur terre, ce ne fut le cas. Bien sûr, on apprend, en France, à l'école, que le peuple a fait la révolution en 1789 ! Vaste blague précieusement entretenue de génération en génération !  :bomb:

Soyons un peu sérieux ! 1789, est l'oeuvre d'une grosse poignée de bourgeois (déjà marchands !) en faveur non pas du peuple, mais de la bourgeoisie ! Il fallait renverser le pouvoir des nobles et des rois qui étaient des freins, pour ne pas dire plus, à la volonté des bourgeois d'étendre le pouvoir de la marchandisation (déjà  :angry: )

Si l'on prend les révolutions d'après la denière guerre, dans les pays de l'Est, quoi qu'on pense par ailleurs des régimes qui ont été installés par la suite, on constate que c'est entre 8 et 10 % des individus de ces pays qui ont fait la révolution.

La nature humaine est telle que les conditions nécessaires pour se révolter font appel à de nombreux facteurs : Conscience des problèmes graves ; consciene et culture politiques nécessaires ; volonté de se battre ; expérience de la vie ; disponibilité familiale (pas toujours mais souvent - comment risquer sa liberté ou sa vie si l'on est responsable d'une famille ?) ; courage et inconscience face à nombre de dangers bien réels ; avoir une bonne dose d'utopie ! (sur ce dernier point je renvoie à la conférence d'Albert Jacquard, vers la fin, juste avant la question posée)

Sans tous ces éléments auxquels il faut encore ajouter l'héritage psychologique souvent très lourd reçu dans nos familles lorsque nous étions enfants, devenir révolutionnaire, n'est guère possible. Mais les expériences du passé nous prouvent qu'il n'est pas nécessaire qu'un peuple entier se révolte.

Ce qui est et reste nécessaire, une fois que la révolution est engagée, c'est le soutien du peuple. Il faut parvenir à le réveiller de sa torpeur habituelle pour qu'au moins il n'empêche pas la révolution d'aboutir.

Par conséquent, la première erreur que nous ne devons surtout pas faire, de ça je suis totalement convaincu, c'est de se décourager du peu d'entrain des masses. Il faut un noyau de gens convaincus, prêts à tout, prêts à risquer leur liberté, voire leur vie.

Je ne dramatise pas, quoi qu'on pourrait penser. La bête contre laquelle nous luttons est encore endormie sur les lauriers faciles qu'elle a obtenu depuis 30 ans avec les armes d'une extraordinaire manipulation des esprits et le mensonge permanent en prime. Mais lorsqu'elle sentira que ses victoires sont fragiles, lorsqu'elle verra que nous sommes de plus en plus nombreux et que ses plans de voracité à satisfaire commencent à être menacés, alors elle n'aura nulle pitié.

Il faut le savoir, la lucidité dans ce domaine est indispensable pour tenir le coup le jour de ce réveil de la bête. Si nous sommes prêts et lucides, oui, nous l'emporterons, quel que soit notre nombre ! Ce n'est jamais la quantité de combattants qui importe, mais leurs qualités !